François Coppée

1842 – 1908           Frankreich

 

 

 

Original

Übertragungen von ZaunköniG

A un Amant

 

Amant abandonné qu’une maitresse oublie,

Pourquoi ce poing fermé que tu montres aux cieux ;

Pourquoi ce pli profund dans ton front soucieux

Et ce regard où brûle une ardeur de foile ?

 

Pourquoi ce desespoir ? Parce qu’elle est jolie,

Parce qu’en caressani son corps délicieux,

En respirant sa bouche, en admirant ses yeux,

Tu trouvais un reméde á ta mélancholie !

 

Tu pâlis en songeant à l’odeur de sa chair ;

Son visage est toujours le seul qui te soit cher :

De tout autre, aussitôt, tu te d’egoûtes.

 

Va ! tu me fais pitié, triste martyr d’amour.

La vie est un éclair, la beauté dure un jour !

Songe aux têtes de morts qui se ressemblent toutes.

 

Einem Liebenden

 

Verliebter, sag, der von der Herrin nun getrennt:

Warum denn diese starke Faust zum Himmel steigt,

Warum du diese Stirn in tiefen Furchen zeigst,

Und warum dieser heiße Blick wie irre brennt!

 

Warum verzweifeln? - Weil Du für die Schöne, SIE,

Ihr deine Kosung sanft in ihren Körper neigst,

Aus ihrem Munde atmest, siebenwundernd schweigst.

Weil sie Arznei war gegen die Melancholie?

 

Du bleichst im Traum; allein der Duft von ihrer Haut,

und ihr Gesicht vermitteln dir noch einen Wert

und alles andre widert dich Weltmüden an.

 

Du tust mir leid! So leidend, traurig, treu und traut.

Sieh: Leben ist ein Blitz, Die Pracht verfliegt sodann.

Die Tränen nimmt der Tod, wie er mit allem verfährt.

 

Ruines Du Cœur

 

Mon cœur était jadis comme un palais romain,

Tout construit de granits choisis, de marbres rares.

Bientót les passions, comme un flot de barbares,

L’envahirent, la hache ou la torche à la main.

 

Ce fut une ruine alors. Nul bruit humain.

Vipéres & hiboux. Terrains de fleurs avares.

Partout gisaient, bris’es, porphyres & carrares ;

Et les ronces avaient effacé le chemin.

 

Je suis resté longtemps, seul, devant mon désastre.

Des midis sans soleil, des minuits sans un astre,

Passerent ; & j’ai, la, v’ecu d’horribles jours.

 

Mai tu parus enfin, blanche dans la lumière ;

Et bravement, afin de loger nos amours,

Des débris du palais j’ai bâti ma chaumière.

 

 

Ruin des Herzens

 

Einst war mein Herz gefügt wie’n römischer Palast,

erbaut aus Marmor und erlesenem Granit.

Doch brachen grausam roh die Leidenschaften mit

der Streitaxt ein und Feuer, das ihn ganz erfaßt.

 

Nur noch Ruine, menschenleer, ist’s ein Gebiet

für Vipern, Eulen. Wild bewachsener Morast,

gestürzt die Säulen und Skulpturen und schon fast

unkenntlich ist der Weg, den Dorngestrüpp bezieht.

 

Allein in dem Desaster folg ich lang den Trümmern:

Die Tage ohne Sonne, sternlos meine Nacht,

so läßt mich elend diese Schreckenszeit verkümmern.

 

Doch da erscheinst du, wie von reinstem Licht entfacht.

Um tapfer unser Liebe neues Heim zu geben

bau ich ein Häuschen aus dem Schutt, darin zu leben.

 

Pour Toujours

 

« Pour toujours ! » me dis-tu, le front sur mon épaule.

Cependant nous serons séparés. Cést le fort.

L’un de nous, le premier, sera pris par la mort

Et s’en ira dormir sous l’if ou sous le saule.

 

Vingt fois, les vieux marins qui flánent sur le môle

Ont vu, tout pavoisé, ce brick rentrer au port ;

Puis, un jour, le navire est parti vers le Nord.

Plus rien. Il s’est perdu dans les glaces du Pôle.

 

Sous mon toit, quand soufflait la brise du printemps,

Les oiseaux migrateurs sont revenus, vingt ans ;

Mai, cet été, le nid n’a plus ses hirondelles.

 

Tu me jures, maitresse, un éternal amour ;

Mais je songe aux d’eparts qui n’ont pas de retour.

Pourquoi le mot « toujours » sur des lévres mortelles ?

 

Für immer

 

„Für immer!“ Nie verstummt’s in meinem Kopf. Wir beiden,

wir schlafen dennoch einst getrennt, so wird es wohl,

daß einen von uns zwei der Tod schon früher holt

zum großen Schlafen unter Eiben oder Weiden.

 

Schon zwanzig Mal ging so mein Blick über die Mole;

die Wellen kommen und sie rolln auch wieder fort.

Und einmal dreht das Schiff entschlossen ab nach Nord.

Nichts mehr. Vorbei. Verschwunden in das Eis der Pole.

 

An meinem Dach, durch das ein leichter Lenzhauch weht,

dort nisten Schwalben, schon so an die zwanzig Jahr’,

doch diesen Sommer ist ihr Nestchen leer geblieben.

 

Du schwörst mir, Liebste, du wirst mich auf ewig lieben,

Nur träum’ ich: Einmal nimmst du doch die letzte Fahrt,

weshalb dies „immer“ tot auf meinen Lippen steht.

 

 

La Sœur novice

 

Lorsque tout douloureux regret fut mort en elle

Et qu’elle eut bien perdu tout espoir décevant,

Résignée, elle alla chercher dans un couvent

Le calme qui prépare à la vie éternelle.

 

Le chapelet battant la jupe de flanelle,

Et pâle, elle venait se promener souvent

Dans le jardin sans fleurs, bien abrité du vent,

Avec ses plants de choux et sa vigne en tonnelle.

 

Pourtant elle cueillit, un jour, dans ce jardin,

Une fleur exhalant un souvenir mondain,

Qui poussait là malgré la sainte obédience ;

 

Elle la respira longtemps, puis, vers le soir,

Saintement, ayant mis en paix sa conscience,

Mourut, comme s’eteint l’âme dún encensoir.

 

 

 

Die neue Schwester

 

Wenn nun auch alle um ihr junges Leben klagen,

ihr Gut, und um die Hoffnung, die in sie gesetzt,

kam sie ergeben in das Kloster, sucht hier jetzt

die Ruhe, die noch ausgeht von uralten Tagen.

 

Man sieht den Rosenkranz um ihren Rockschoß schlagen,

als sie den Wandrern Kräuter auseinandersetzt,

Die Namen, Pflege, und was gut vor Blähung schützt,

auch das Gewölbe, wo die edlen Weine lagern.

 

Und doch; ’ne Blume pflückte sie nach einer Zeit;

Ein Duft der weltliche Erinnerungen trägt,

und drängt, und trotzt der heiligen Gehorsamkeit.

 

Sie atmet tief den Duft der Blüte, viele Male,

bis sich zum Abend Frieden ins Gewissen legt,

ihr das Bewußtsein löschend, - eine Weihrauchschale.

 

 

Retour

 

Viens ! Je t’aime ! Rentrons. La promenade est faite.

La claire nuit de juin vient d’allumer ses feux ;

Le clocher du gros bourg, où nous logeons tous deux,

Se rapproche, et la lune en argente le faîte.

 

Regagnons lentement l’auberge, où l’on apprête

La chambre et le grand lit aux draps frais. Je te veux !

Et, pour qu’en cheminant je baise tes cheveux,

Sur mon épaule heureuse abandonne ta tête.

 

Mets un de tes chers bras au cou de ton ami ;

Traversons, enlacés, le village endormi ;

Et, comme nous voulons, dans la campagne verte,

 

Dès l’aurore, demain, reprende notre vol,

Nous laisserons, ce soir, la fenêtre entr’ouverte,

Pour être réveillés au chant du rossignol !

 

 

 

L’Incorrigible

 

Lorsque, vaincu d’un seul regard, je t’ai suivie,

Plus d’un m’a dit : « Encore ? A quarante ans passés ! »

Soit. J’ai des cheveux gris aux tempes, je le sais ;

Mais ma soif de tendresse est loin d’ête assouvie.

 

Celui-là qui me blâme, au fond du cœur m’envie.

Non ! je n’ai pas assez vécu, souffert assez,

Et je vaux mieux que vous, jeunes vieillards glacés,

Et l’amour est la grande affaire de la vie !

 

Non ! je ne deviendrai jamais pareil à vous,

Dont quelques chaudes nuits font de calmes époux,

Et qui n’aimez qu’un temps, comme on jette sa gourme.

 

Regardons-les passer, ma mie, et plaignons-les,

Ces couples sans d’esirs qui traînent leurs boulets,

Ainsi que des forçats sous les coups de la chiourme !

 

 

 

Sonnet Liminaire

 

Dans cent lettres d’amour, Lisette et la Marquise

Ont mis, pour un jeune homme, autrefois leur aveu.

Vieillard, il les relit, un soir, les jette au feu,

Et garde seulement la plus tendre, l’exquise.

 

O Poète, tu crois que la glorie est conquise.

C’est fait. Il est enfin déniché, l’Oiseau bleu !

Mais combien de tes vers te survivront ? Bien peu.

Le Temps, critique dur, n’en fera qu’a sa guise.

 

Qu’importe ! Un livre encor sort de ton encrier.

Ayant fait de ton mieux, comme un brave ouvrier,

Ecris « Bon à tirer » sur la derniére épreuve ;

 

Et, sans plus de souci de la Postérité,

Sens-toi le cœur joyeux et fier d’avoir plant’e

Le bouquet des maçons sur une maison neuve.

 

 

 

Fin D’été

D’aprés le tableau de Raphaël Collin

 

L’oiseau reste muet, puisqu’il n’a plus de nid

Dans le trou du vieux mur dont s’ecroule la brèche.

Nous faisons sous nos pas craquer la feuille séche.

Comme le soir vient tôt ! Comme le bois jaunit !

 

La nature et nos cœurs ont un frisson subit.

Dés le soleil tombé, monte une brume fraîche.

Octobre est loin encor, mais comme il se dépêche !

Ah ! mon amour ! l’été s’en va, l’été finit !

 

Mets ces derniéres fleurs, maîtresse, à ton corsage,

Et, devant ce déjà si triste paysage,

Asseyons-nous tous deux sur le bord du chemin.

 

Je me sens toujours plein de désirs ! Je t’adore !

Mais les cheveux sont gris que caresse ta main,

Et ce sera bientôt l’automne... Oh ! pas encore !

 

 

 

Dimanche de Juin

 

Nul ne sait s’amuser que les petites gens,

Dont le repos plus rare a la gaîté plus franche.

Je m’en vais aujourd’hui – c’est l’été, c’est dimanche ! –

Laisser mes prétendus plaisirs intelligents.

 

Ma mignonne, les nids vibrent de joyeux chants ;

Dans le ciel enivré la lumière s’épanche.

Je veux, par les blés verts, suivre ta robe blanche,

Et cueillir avec toi de gros bouquets des champs.

 

Car, toi, tu sors du peuple, et jadis, pauvre fille,

Cachant sous tes gants frais des piqûres d’aiguille,

Tu connus la valeur es dimanches d’été.

 

A toi seule je dois quelquel heures fleuries.

En route, et plantons lá mes vaines rêveries.

Le bon soleil et toi, voilà la vérité !

 

 

 

Pessimisme

 

Je refuse l’aumône : un pauvre meurt de faim.

Je la donne : un coquin se soûle et bat sa femme.

Et le plus scrupuleux, qu’il se loue ou se blâme,

De sa moindre action ne peut prévoir la fin.

 

Que faire ou ne pas faire ? Hélas ! nul n’en sait rien.

Tel grand dessein, jailli du meilleur de notre âme,

Se corrompt et produit un résultat infâme.

Souvent le bien est mal, parfois le mal est bien.

 

Oh ! la vie ! O mystère ! insoluble problème !

Au caprice du sort, souffre, lutte, pense, aime,

Agite-toi... Dieu seul, s’il existe, comprend.

 

L’homme, c’est l’imprimeur, á son travail maussade,

Qui, la pensée ailleurs et l’œil indifferent,

Compose l’Évangile ou le marquis des Sade.

 

 

 

Préface

D’un livre Patriotique

 

Quoi ? toujours l’éternet regret !

toujours l’Alsace et la Lorraine !

Mais la perte est déjà lointaine ;

Un peuple pratique oublierait.

 

N’avez-vous pas l’instinct secret

Que ce serait la paix certaine,

Si nous abjurions notre haine,

et qu’enfin l’on d’esarmerait ?

 

Quand un arbre perd une branche,

En meurt-il ? Nos cris de revanche

Gênent l’Europe et lui font peur.

 

Ce chant de guerre qu’on entonne,

C’est importun, c’est monotone...

- Soit ! Seulement, c’est notre honneur.

 

 

 

Premieres Larmes

 

Pâle sous la céruse et les cheveux trop noirs,

L’illustre premier-rôle encor jeune aux chandelles,

L’homme à femmes, malgr’e son âge adoré d’elles

Obtient, comme au beau temps, des effets de mouchoirs.

 

Et, depuis des milliers et des milliers de soirs,

Froid comme un glaive et sûr de tant de cœurs fidèles,

Il prodique, Antony de centaines d’Adèles,

Ses sanglots simulés es ses faux d’esespoirs.

 

Pourtant la sciatique est à la fin venue.

Horreur ! Elle le cloue aux pieds de l’ingénue

Qui, pour qu’il se relève, aide le vieux barbon.

 

Alors l’acteur, gâté par quarante ans d’eloge,

Court se cacher et fondre en larmes dans sa loge.

- C’est la première fois qu’il pleure pour de bon.

 

 

 

Désespérément

 

L’immense ennui, ce fils batard de la douleur,

En maître est installé dans mon âme, & l’habite ;

Et mois que la vieillesse affrense & décrépite,

Cette âme de trente ans a gardé de chaleur.

 

J’en atteste ces yeux éteints, cette pâleur

Et ce cœur sans amour ou plus rien ne palpite ;

Je vois mon avenier, & je m’y précipite

Ainsi qu’en un désert qui n’a pas une fleur.

 

Pourtant, vers la saison des brises réchauffées,

La jeunesse parfois me revient par bouffées,

J’aspire un air plus pur, je vois un ciel plus beau,

 

Mais cette illusion ne m’est pas un pr’esage,

Et l’espoir n’est pour moi qu’un oiseau de passage

Qui, pour faire son nid, choisirait un tombeau.

 

 

 

Le Lys

 

Hors du coffret de laque aux clous d’árgent, parmi

Les fleurs du tapis jaune aux nuances calmées,

Le riche et lourd collier, qu’agrafent deux caées,

Ruisselle et se répand sur la table à demi.

 

Un oblique rayon l’atteint. L’or a fremi.

L’etincelle s’attache aux perles parsemées,

Et midi darde moins de flèches enflammées

Sur le dos somptueux d’un reptile endormi.

 

Cette splendeur rayonne et fait pâlir des bagues

Eparses, où l’onyx a mis des reflets vagues

Et le froid diamant sa claire goutte d’eau ;

 

Et, comme dédaigneux du contraste et du groupe,

Plus loin, et sous la pourpre ombreuse du rideau,

Noble et pur, un grand lys se meurt dans une coupe.

 

Die Lilie

 

Die Nägel schimmern an der Lackschatulle, zwischen

gelben Teppichblumen ruhig sich ergießt

das schwere Collier, die Haken sind gelöst,

und streut die matten Perlen über’n halben Tisch.

 

Ein schräger Strahl hat ihnen Goldrausch eingeflößt:

Ein Band, mit Funkeln übersäet, von warmem Samt.

Der Mittag sticht nicht gar so streng, ganz wohlig flammt

er über’n Rücken einer Echse, die nun döst.

 

Am Ring der Onyx schimmert trübe allerecks.
Aus seiner Fassung ´funkt ein leuchtenden Reflex
der kalte Diamant, hell, wassertropfenklar;

Als ob die Dinge den Kontrast geächtet hätten
welkt hinterm Vorhang unter dumpfem Purpurschatten
ein Milchiges, das einmal eine Lilie war.


 

 

Marie-Bleue

 

En vain je cherche un mot charmant qui vous désigne,

Un mot qui réunisse en sa simplicité

Votre blanche jeunesse et votre pureté ;

Aucun ne me contente et ne m’en semble digne.

 

il en est de bien doux pourtant qui me font signe,

des mots resplendissants de candide beauté ;

C’est la neige d’hiver, c’est le Paros vanté,

Et l’hostie, et l’ivoire, et le lys, et le cygne.

 

Mais j’exprimerais mal, en un mot comme en cent,

Cette grâce ingénue et ce charme innocent

Qui vous font à mes yeux si touchante et si belle,

 

Et ne trouverais rien de plus essentiel

Que ce nom qui vous sied si bien et qui rappelle

L’image de la Vierge et la couleur du ciel.

 

 

Marie-Bleue

 

Vergeblich suche ich ein Wort, in eins gefügt

in deinen Charme, und doch in klarer Einfachheit,

das deine Jugend zeigt und deine Lauterkeit,

doch keins stellt mich zufrieden, keins das mir genügt.

 

Ist es präzise, mutet’s nicht mehr milde an

wie du: So wie der Kindheit helles Heiligtum,

So wie der Schnee des Winters, so wie Paros Ruhm,

So wie das Lamm, wie Elfenbein, so wie der Schwan...

 

Das drückt es auch nicht aus, und ein Wort wird zu tausend:

Von naiver Anmut, unschuldige Schöne,

in reinen Freuden überfließend und aufbrausend.

 

Und nie hab ich ein treffenderes Wort gebunden,

als deinen Namen, in dem jedes Bild gebunden,

wie das der Jungfrau, mild in lichten Himmelstönen.

 

 

 

Écrit sur un Ronsard

 

A Tolède, c’était une ancienne coutume

Qu’avant de prende enfin le titre d’ouvrier,

Pendant toute une nuit, chaque élève armurier

Veillât près du fourneau qui rougeoie et qui fume.

 

Il façonnait alors un chef-d’ œuvre d’acier

Souple comme un marteau, léger comme une plume,

Et gravait sur l’estoc encor chaud de l’enclume

Le nom du maître afin de le remercier.

 

Ainsi pour toi, Ronsard, ma nuit s’est occupée.

J’ai tenté, moi, ton humble et fidèle apprenti,

Ton, fier sonnet, flexible et fort comme une épée.

 

Sous mon marteau sonore a longtemps retenti

Le bon métal qui sort vermeil de l’âtre en flamme ;

Et j’ai gravé ton nom glorieux sur la lame.

 

 

Der Schriftzug Ronsard’s

 

In Toledo war es guter alter Brauch,

daß der Geselle, eh man ihn zum Meister macht

die Nacht an seiner Esse schwitzt und wacht

vor roter Glut, sich müht in beißend heißem Rauch.

 

Er bringt sein Meisterstück in Form aus bestem Eisen,

Ein Degen: hammerhart und dabei federleicht.

Und er graviert noch auf dem heißen Amboß gleich

Des Meisters Namen ein,  ihm Ehre zu erweisen.

 

So wachte ich die Nacht, Ronsard, nur deinetwegen,

und schmiedete Sonette nach, als dein Getreuer.
Sie sollten stark sein! biegsam! wie dein Meisterdegen!

 

Es glühte roter Stahl im Schmiedefeuer.

Lange mußte ich den schweren Hammer schwingen,

doch leuchtend soll dein Name prangen auf der Klinge.